¦Luna, tu t'es trompée, tu n'as pas bien écrit [ABS]¦
Chapitre 3:
J'ai si mal à la tête que j'ai l'impression qu'un essaim de bourdons tournent à une vitesse affolante autour de ma tête. La fièvre a encore frapper.
La voiture démarre dans un bruit de ronflement démesuré qui me casse les oreilles. Nous allons lentement, et ce depuis l'accident.
L'accident...
Nouvel effet bourdon. Je me prends la tête. Je réprime une irrépressible envie de hurler, mais je me retiens. A mes côtés, ma mère et ma tante sont toutes deux très calmes. Leur pâleur ressort trop bien sur leurs robes noires. J'ai essayé des les convaincre de mettre quelque chose de moins sombre. Rien n'y a fait.
- Nous allons à un enterrement ma chérie! m'a dit ma tante. Pas à la foire!
Mais Elina détestait le noir. Elle s'habillait toujours avec mille et unes couleurs. C'était la fille la plus gentille que je n'ai jamais connu. La plus drôle. La plus joyeuse. Elle n'était jamais déprimée, toujours prête à l'attaque.
Elle n'était pas une fille joyeuse. Elle était la joie même.
Chaque matin, elle se levait de bonheur. Elle traversait notre chambre jusqu'à mon lit. Et elle me murmurait:
- Réveille toi Lily.
Lily était mon petit surnom. Elina n'aimait pas m''appeler comme tout le monde: Amé, ou Am, donc elle m'appelait Lily. Comme AméLIe.
Après cela, elle ouvrait les volets, et la lumière de l'aube m'arrivait droit sur la figure. C'était pour moi un supplice d'être réveillée si brusquement. Donc je lui lançait généralement mon cousin dessus. Parfois même une peluche. Bref, tout ce qui me tombait sous la main. Mais à la place de s'énerver, elle rigolait tout en évitant de justesse mon projectile. Alors moi aussi je riait...
Ca me fait vraiment bizarre d'utiliser l'imparfait. Comme si elle n'était plus là. Mais elle était bel et bien partie.
Aïe! Un nouvel effet bourdon. Cette fois-ci j'hurle. Ma mère me caresse doucement les cheveux pour me calmer, mais rien ne m'arrête. Je hurle. Je hurle à la vie, à la mort, je hurle à ma soeur, et au milieux de mes cris stridents, on semble entendre sa voix qui disait:
- Je serai toujours à tes côtés Amélie!
Puis la mienne qui rétorquait:
- MENTEUSE!! Pourquoi?? Pourquoi m'as-tu laissé? Pourquoi?
A cet instant, seul le murmure de ma mère a pu m'arrêter de crier:
- Amélie, nous sommes arrivés à l'église.
Alors, je me tais. Je lève les yeux. Et je la vois par la vitre. L'église. Je frissonne.
Nous sortons tous de la voiture.
Je regarde l'église. J'avance vers elle. Elle m'attire comme un emant. Je suis de plus en plus près... et je pénètre à l'intérieur.
Ses murs de pierre grise semblent se resserrer tel un étau quand je me rapproche du fond.
Il est là.
Le cercueil.
Ouvert.
Avec ma soeur.
A l'intérieur.
- Chérie!! Hurle ma tante derrière mon dos. Ne regarde pas...
Mais il est déjà trop tard. Je me précipite vers le cercueil, je prend ma soeur par les épaules, et je lui crie:
- Cette mauvaise blague est terminée!! Dis-moi quelque chose!! Sors de ce tombeau! Viens avec moi!! Tu es ma soeur! Tu n'as pas le droit de m'abandonner! MAIS DIS-MOI QUELQUE CHOSE!!!!!!!
Son visage est en face du mien.
P o u r q u o i
POURQUOI???
Il est pâle ce visage. Il est morne. Il est inexpressif. Il est mort.
Ces lèvres blanches n’émettront plus aucun son. Ses yeux clos ne reverrons plus jamais rien. Ses oreilles n'entendront plus jamais mes rire, mes pleurs, mes malheurs, mes envies, mes joies...
Au moment même ou j'allais recommencer à pleurer, les grandes mains de mon père s’abattent sur mes épaules et me tirent doucement en arrière.
Il m'entraîne avec lui dehors. Nous nous asseyons sur un banc, non loin de là. Et nous pleurons ensemble, sous la fine bruine qui semble elle aussi pleurer la mort de ma soeur.
A suivre...
Par Félie
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